Kenneth Ize, Niyi Okuboyejo, Frank Aghuno… Sur les podiums internationaux, les créateurs de Lagos commencent à essaimer. Mais la mode nigériane a encore quelques barrières à faire tomber avant de pouvoir véritablement exploser.
Par Valentin Pérez Publié aujourd’hui à 18h00 Temps de Lecture 7 min.
Il s’enfonce dans le canapé et fond en larmes. Ce 28 septembre, dans les coulisses du Palais de Tokyo, Kenneth Ize vient d’ouvrir, couvert d’applaudissements qui l’ont ému, la Paris Fashion Week, avec ses chemises au haut col et ses amples ensembles en tissu aso oke (tissé par le peuple yoruba). A 31 ans, Ize est l’un des grands espoirs de la mode du Nigeria, pays où il est né et où il a installé son studio, à Lagos, dans le quartier de Sabo Yaba. Le voir ouvrir la fashion week la plus réputée du monde n’est pas l’unique signe extérieur de l’intérêt qu’il suscite : à son tableau, s’épinglent collaborations (avec la marque Karl Lagerfeld à l’été 2021), distributeurs prestigieux (Farfetch ou Matchesfashion), collaborateurs réputés (comme Ibrahim Kamara, le styliste le plus influent du moment, qui l’a épaulé pour ce défilé de septembre).
A la Paris Fashion Week 2020 : Percée historique de la mode africaine
Comme Kenneth Ize, les talents nigérians de la mode essaiment. A la fashion week de Milan, c’est la jeune Joy Meribe qui a, cette saison, lancé les festivités avec ses robes asymétriques, quand la marque Lagos Space Programme faisait partie des candidats 2021 pour le LVMH Prize. Ailleurs, des labels comme Orange Culture, NKWO, Post-Imperial ou Fruché gagnent en visibilité. « La mode nigériane est l’une des locomotives du continent africain, observe la journaliste Emmanuelle Courrèges, autrice de Swinging Africa. Le continent mode, un beau livre à paraître chez Flammarion le 24 novembre. Le pays a des avantages : être le plus peuplé d’Afrique, détenir une classe moyenne qui se développe. Et vivre une mutation culturelle, en voyant naître une forme de patriotisme, une fierté de consommer local et de soutenir la jeune création. »